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Campus : les règles de survie
Campus : les règles de survie
Posté par Marame Zouhir le 29 fév 2012 dans Focus | 10 commentaires
Dans notre établissement , il existe des règles implicites, qu’il faudrait suivre religieusement pour gagner l’approbation de la tribu… Les gens ici développent alors des instincts de survie, essayent tant bien que mal de se résoudre aux fades aspects de leurs existences … Ces règles sont un patrimoine gravé sur les murs de notre école…
1ère règle : « Tout le monde doit saluer tout le monde, ou du moins faire semblant de saluer tout le monde ! »
Notre école est une communauté ! Nous devons faire preuve de solidarité extrême ! Tu peux éprouver la même haine qu’éprouvait Hitler pour les juifs , mais te plier au sourire mécanique, aux paroles recyclées du bonjour matinale ! Ceci dit, les dieux de l’école sont cléments : Tu pourrais , dissoudre ta haine, en intégrant des rassemblements, spécialement conçus pour évacuer tout ce stress accumulé !! En somme : « Ne m’appréciez pas , parlez derrière mon dos , mais souriez moi tout de même » tel est notre label !!
2nd règle : « Toute frustration sexuelle doit être libérée derrière le resto et ses alentours à partir de 18h l’hiver , et 20h l’été , horaire dépendant du coucher du soleil ! »
Un couple peut s’afficher en tant que tel, sans pour autant se permettre des petites attentions affectueuses en public… Bisous timides , câlins furtifs sont à bannir ! J’explique ! X est en couple avec Y , X couche avec Y derrière le resto , mais X lâche la main de Y , une fois arrivés aux alentours de la buvette ! Sachant que tout le monde sait que X couche avec Y derrière le resto !
3ème règle : « Les dieux de notre école veille sur notre bien-être et sécurité où que nous soyons ! »
Un compte rendu est exigé à la fin de chaque sortie par n’importe quel individu, de notre établissement, et toute personne ayant appris une bribe de « vie » sur son camarade se donne le devoir d’établir un faire part aux autres ! L’authenticité du fait n’est pas exigé , bien au contraire , l’amplification est recommandée !
4ème règle : « Il faut nommer les choses telles qu’elles sont ! »
Notre établissement est à dominance masculine , et donc des sous-règles s’instaurent automatiquement :
* Un mâle qui boit est un mâle épanoui
*Un mâle qui sort est un mâle bon-vivant
* Un mâle joueur , est un mâle qui a le goût du risque
Et la plus intéressante de toutes :
* Une paire de couilles t’ouvre les portes du bonheur !
L’autre sous-genre devrait s’accommoder pour survivre dans ce monde ! Il faudrait, toutefois, la compagnie d’un mâle pour légitimer et gagner les mêmes attributs cités précédemment… Si par malheur, l’une des représentantes du sous-genre décidait de se passer de son escorte , la 3ème règle est fortement appliquée !
C’est bon la vie c’est bon kiri !
Marame Zouhir, Élève ingénieur
Eh ben c’est pas joyeux tout ça… Je subodore que « coucher derrière le resto » signifie pour une fille se retrouver vaguement tripotée derrière un fourré puis se faire pénétrer sans autre forme de procès? En gros, Môssieur se dégorge le poireau fissa et tant pis pour le confort et l’orgasme féminin!! Pitoyable.
kiri kiri kiri!!
« Une paire de couilles t’ouvre les portes du bonheur ! » c’est TA citation à toi , et je la trouve tellement vraie et révélatrice..
j’ajoute :
vous serez tout-de-suite reconnu en tant que cas aberrant ,et on vous collera la jolie étiquette de « folle », « farfelue », ou « prostituée » si ,en plus d’être une fille :
Vous vous permettez de chanter en public.
vous riez aux éclat.
Vous êtes toujours de bonne humeur.
vous avez beaucoup d’amis du sexe opposé .
vous faite la bise.
.
.
.
[cette liste n’est pas définive;elle sera rempli au fur et à mesure que de nouveaux cas apparaissent]
De Lamentalitépourrie.
L’article 490 du code pénal interdit les relations sexuelles entre des personnes de sexes différents non mariés. Que ce soit en public ou en privé.
Mais seuls les classes sociales inférieures en font les frais.
Le choix du mot « coucher » est fortement biaisé.. !!! Ce qu’on appelle « coucher » n’est autre que « tripoter » !!! Nous avons tendance a amplifié les choses … !!!
« On »? « Nous »? Vous parlez de votre cercle social universitaire je suppose…
Je ne visais pas une discussion sémantique. Votre jargon n’a pas le moindre intérêt pour moi. J’ai mis mon commentaire pour éviter que les lecteurs ne soient indus en erreur quant à la réalité marocaine. Hormis les classes aisées et urbanisées qui peuvent se permettre d’acheter de l’influence, le Maroc est un enfer pour les femme sexuellement actives. L’épée de Damoclès pèse sur elles au quotidien.
bravo maram
« X est en couple avec Y , X couche avec Y derrière le resto , mais X lâche la main de Y , une fois arrivés aux alentours de la buvette! »
Et cela reste
figé et marqué
dans les mentalités
même à l’étranger
…
Est-ce que X devrait coucher avec Y aux alentours de la buvette aussi ? On a tous déjà eu nos petits endroits cachés où on pratiquait aisément et tranquillement toutes nos activités « illicites », on ne peut pas s’afficher à part entière au public, d’abord pour des raisons d’intimités et ensuite pour des raisons de respect. On sait tous que papa et maman couchent ensemble, ce n’est pas pour autant que papa et maman couchent dans le salon, quand les enfants regardent la télévision.
En ce qui concerne la première règle, ça n’a jamais été une loi, seuls les âmes faibles se plient à ce faux protocole, En outre l’hypocrisie sociale est un fléau mondial, libre à toi de le confirmer, ou de t’insurger contre. Le troisième verse dans le même sot, « Tbergig » n’est pas une spécificité de ton établissement, c’est une généralité et une globalité.
Le dernier point me semble logique, la dominance masculine et le machisme sont des composantes de base de la majorité des établissements marocains, si une paire de couilles ouvre les portes du bonheur, une paire de couille est aussi, facilement domptable.
Je te félicite Marame pour ton article et j’éspère que ton microcosme a un peu évolué depuis que t’as rédigé ton article.
En lisant j’ai eu l’impression de lire une description de toute notre société marocaine mais en miniature!! C’est vrai que la dominance masculine est ancrée dans notre société!! Il y a pas si longtemps que ça un homme pouvait divorcer avec sa femme sans même le lui dire!! elle est là à faire le ménage jusqu’à ce qu’un matin elle reçoive sa « bryya » l’informant qu’elle a divorcé!! Je sais pas si c’est dû à mon éducation mais déjà gamin je trouvait ça un peu « bizarre » quand j’entendait des conversations de femmes parlant d’une de leurs copines « talla9ha rajelha » (je trouve pas une traduction exacte pour les lecteurs francophones mais disons « larguée par son mari ») alors que c’est une décision supposée être bilatérale. Ce qui m’intriguait le plus c’est la réaction des femmes: Elles agissent comme si elles n’y pouvaient rien et oh combien elles excellaient dans le rôle de la victime!! Maintenant du haut de mes 26 ans j’ai côtoyé presque tous genres de femmes et je peu affirmer que quand le sujet de l’iniquité homme-femme est abordé c’est l’unanimité: toutes affirment que la femme est lésée. Oook!! il y a un malaise ça c’est sûr, mais on commence à voir de bon présages: déjà le fait qu’on ai eu des marches (manifestations?) après le drame du suicide d’une fille de 14 ans forcée par un juge à se marier à son violeur (ce qui signalons le était auparavant une « pratique » tout à fait normale) témoigne d’un début de maturité de notre société. Toutefois le plus dur reste à faire: convaincre les femmes que la solution n’est pas de demander aux hommes de leur faire un peu de place à leur coté an haut de ce qu’elles croient être le sommet social mais d’assumer pleinement leur féminité, de connaitre parfaitement leurs droits et de les réclamer. Le reste viendra tout seul après. Enfin si je puis m’improviser philosophe je dirais qu’une société marocaine où la femme est reconnue à sa juste valeur n’est aujourd’hui qu’un fantasme mais il n’en est pas le cas pour une femme qui prend la décision et trouve le courage de violer les codes sociaux (hypocrites) auxquels nous marocains sommes contraints à se soumettre.