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Salariés ou esclaves?
Lorsqu’on passe huit heures par jour ou plus dans la peau d’un robot, on perd un peu ses repères au moment où on souhaite changer de casquette et revenir à notre nature humaine. Tu as de plus en plus la certitude que le salariat n’est autre que l’esclavage des temps modernes, un esclavage hautement et soigneusement réglementé, à tel point que l’on croirait que la retraite est une espèce de récompense pas très méritée, que les congés sont le fait de la bonté des employeurs.
Les jours se ressemblent et passent un peu trop vite.
Tu te réveilles le matin, non pas parce que c’est un phénomène biologique mais parce que c’est une obligation professionnelle.
Tu t’habilles presque dans le noir, tu zappes le passage devant le miroir les jours où tu te permets cinq minutes de sommeil supplémentaires, tu ne prends pas de petit-déjeuner ou alors tu le fais dans l’ascenseur, en dégringolant les escaliers, en traversant la route, tu voles des gorgées de café dans les feus rouges.
Tu arrives au boulot fatigué, déjà… Commence alors une journée interminable où productivité et efficacité sont les mots d’ordre. Pas droit à l’erreur, à la fatigue, tu traînes la patte, on te regarde de travers, tu te permets une petite pause histoire de relancer ta concentration, tu as droit à tous les commentaires possibles (et pas possibles)… Sans parler des petites parties de « rêveries », quoi? oublies ! C’est un crime contre l’humanité le capitalisme.
À midi, tu grignotes un truc à la va vite quand ton agenda le permet et rebelote, entre meetings, coups de téléphone et toutes les autres tâches rébarbatives qui consomment tout ton temps et te consument… Tu ne penses qu’à une chose : sortir de ce trou au plus vite.
Quand tu sors : olééééé, à moi la vie ! Tu hésites entre partir à la salle de sport pour te défouler, prendre un café avec des amis pour papoter, te faire une séance ciné pour décompresser, aller diner parce que tu oublies souvent de manger, ou passer au pressing récupérer tes habits qui squattent là-bas depuis des semaines, faire les courses parce que ton frigo est vide depuis des jours, ou rentrer prendre un bon bain et préparer à manger tranquillement.
Mais au final tu es tellement fatigué que tu préfères rentrer, alors tu rentres, tu allumes la télé, tu fais couler un bain, tu ouvres le frigo, tu as faim, mais tu ne trouves rien, tu le refermes, tu as trop la flemme pour sortir manger un morceau. Tu penses à appeler ta mère, ça fait plus d’une semaine que tu l’as pas fait, alors tu prends le téléphone, tu réalises que tu as oublié de payer ta facture, tu n’as plus de solde, tant pis!
Tu en as marre, et tu as envie de pleurer, tu te dis que tu n’as pas de chance, on aurait pu demander ton avis sur le sujet, tu aurais préféré rester un être humain. Être un robot ne t’arrange pas finalement.
Tu laisses tomber la bouffe, le bain, le film que tu attendais depuis une semaine, ta vie par la même occasion sans t’en rendre compte, et tu vas dormir…
Toute ressemblance avec la vie de tous les jours n’est que le fait d’une simple coincidence!
Par Imane Naji
trop vrai !!! 🙂
Si l’article fait sourire et est à prendre au second degré, je ne suis pas d’accord avec l’emploi du mot « esclave » dans le titre. Un travail, un salaire, c’est quand même ça qui nous libère aussi, qui nous permet de vivre en tant que femmes indépendantes et responsables!
Allez, sans rancune;)
« Un travail, un salaire, c’est quand même ça qui nous libère aussi, qui nous permet de vivre en tant que femmes indépendantes et responsables! »
Il ne faut pas interpréter TOUS les sujets d’un point de vue féministe…
L’article parle de l’esclavage moderne qui s’applique sur les hommes comme sur les femmes.
Le fait que vous y voyez une libération reste très superficiel et très borné.
C’est juste , bien vu, bien raconté, ça sent le vécu ou l’observation du vécu d’un être cher…que dire plus? Sale époque!!!
Quand ces esclaves nouvelle /génération ont le malheur, non pas de se plaindre mais de raconter leur journée au rythme démentiel, ont leur répond tous, (moi comprise) « estime-toi heureux, toi au moins tu as un boulot et un salaire. VDM 🙁
Au Maroc encore ça passe, quand j’ai vu les gens à Paris bosser comme des malades toute la journée, rentrer en courant dans les métros pour rejoindre enfants et conjoints les deux heures qui restent avant de se coucher, j’ai vraiment eu cette impression qu’on est des esclaves du système.. Les gens ne vivent pas, mais (hamdoullah!) ne s’en rendent même pas compte..
article nul n importe koi
ok samirdecasa
Quand on est encore loin de tout ça, on se demande combien de temps il nous reste. Le reste tient de nous même.
« Un travail, un salaire, c’est quand même ça qui nous libère aussi, qui nous permet de vivre en tant que femmes indépendantes et responsables! »
Il et bien là le triste paradoxe de nos sociétés : nous aliéner en nous donnant l’impression « d’être » libre , et d’être maitre de nos vies et envies…alors travaillons , soyons forts , indépendants et surtout responsable…de faire perdurer les illusions qui finalement ne nous empêchent que d’une seule chose VIVRE !!!
Bravo pour l’article , vraiment « vrai »
On se plait à dire que le salariat est la liberté concrétisée, monnayée. On refuse de croire à l’esclavage parce qu’on ne voit pas de chaînes. On se dit qu’on n’est pas esclave, voyons, « Je peux à tout moment changer de boulot ». En effet, oui. Nous n’avons pas un maître en particulier, mais on doit absolument en avoir un. On n’est pas esclave de l’employeur, mais esclave de la société, de la consommation; de la société de consommation.
C’est tout à fait cela, effectivement! Beaucoup ne travaillent pas pour s’épanouir, mais pour manger leur pain et se voient réduits à une vie d’esclave. Le l’ai été pendant 11 ans et je me suis evadé un jour, j’ai juste couru sans regarder derrière moi! Aujourd’hui, je suis un homme heureux, je travaille comme je peux et comme je veux, à un rythme qui me plait tout en assumant la difficulté de la chose non salariale (parce que le salaire est quelque chose de très important en fin de mois!)!
Merci pour ce témoignage d’ex-esclave. Vous me faites rappeler la fameuse évasion de Kunta Kinte. Bon courage pour vos fins de mois et si en cas de difficulté financière, je me ferai un plaisir de vous inviter pour un falafel + coca light.