L’affaire Arif et ses implications
Deux jours sont passés depuis la publication de mon témoignage et surtout depuis le verdict de la Cour d’Appel qui a acquitté Hassan Arif. Cette affaire, comme je l’ai précisé n’est pas terminé, mais un semblant de polémique s’en est suivi. Essayons d’en tirer ensemble des points sur la base desquels des débats constructifs peuvent naître.
Tout d’abord, oui : Hassan Arif, comme tout autre citoyen, du moment qu’il a été innocenté par la Cour d’Appel de Rabat le 17 janvier 2013 a le droit encore une fois à la présomption d’innocence pour le crime de viol. Je remercie les personnes qui ont insisté sur l’importance de cet aspect. Et j’ai pris le soin de revoir mon témoignage pour en retirer toute affirmation qui lui dénie ce principe élémentaire.
Penchons nous maintenant sur l’objet même de la plainte : le viol. Face au mensonge continu et à la mauvaise foi totale de l’accusé qui nie même les faits les plus évidents et pour lesquels la justice dispose de preuves sans conteste (tests ADN, sous-vêtements sur lequel des prélèvements ont été faits, communications téléphoniques), nous n’avons qu’une version des faits et c’est celle de la plaignante.
Si la plaignante s’est tue aussi longtemps, c’est parce qu’elle affirme qu’à la suite du viol, Hassan Arif lui a promis de « couvrir sa honte sociale» en échange de son silence : « Setrini nsetrek ». Une phrase qui n’est pas si étonnante dans notre contexte social et qui bien sûr, du fait de la position et du pouvoir que détient l’accusé prend un sens beaucoup plus fort. Ce silence qui l’aurait maintenue dans une relation abusive, où la seule chose qu’elle attendait c’est d’être « couverte », et que sa réputation soit sauve. Quitte à divorcer tout de suite après.
Je pourrais comme un bon nombre de femmes marocaines l’assener à coups d’accusations et de reproches et lui dire que : Ce n’était vraiment pas le bon choix à faire. Elle aurait dû porter plainte le jour même, elle n’aurait pas dû se taire aussi longtemps. Comment a-t-elle pu accepter une telle situation avec un tel homme ? Et puis comme un bon nombre d’hommes marocains (dont certains sont juges et avocats), je pourrais penser, voire dire tout haut : Qu’elle n’est sûrement pas une victime dans cette affaire, qu’elle l’a cherché et que si elle a continué à lui parler même après cette supposée agression sexuelle, c’est que ce n’était pas un viol, mais un rapport consenti. Je dirais aussi comme je l’ai lu sur certains commentaires que cette femme est sûrement une manipulatrice qui cherchait à piéger un « bon parti » et une fois qu’elle n’a pas réussi à le faire, elle a décidé de le poursuive en justice.
Quelle facilité avec laquelle, encore une fois, on choisit de se réfugier derrière son écran, dans le confort de ses préjugés! On s’érige alors en juge et arbitre d’une affaire et on applique encore une fois la présomption de culpabilité à la femme. C’est cette même présomption de culpabilité que j’ai vu peser le jour du procès et celle-là même qui m’a révoltée plus que tout. Ce ton de voix du juge en posant à la plaignante des questions sur le déroulement de l’histoire sous-entendant un manque de pudeur et de respectabilité de la plaignante. Présomption qui se transforme en affirmation dans l’avocat de l’accusé qui a dit : « Mais que fait une femme dehors avec un homme à 9h30 du soir ? », « Quel type de femme accepterait de l’accompagner à un café ? De monter dans sa voiture ?» et j’en passe.
Peut-être est ce pour ces raisons que j’ai choisi de soutenir cette jeune femme aussi fermement. Non il n’est jamais trop tard pour dénoncer un viol. Non il n’y a pas de délai au-delà duquel la plainte de viol n’est plus recevable. Dans cette affaire, nous avons la mauvaise foi d’un homme d’un côté, représentant du peuple qui plus est et puis, le témoignage d’une jeune femme. Permettez-moi d’accorder du crédit à ses paroles et de demander à ce qu’il y ait un procès équitable, loin de toute présomption de culpabilité de la femme ou de préjugés sociaux.
En conclusion, j’ai assisté au procès en question avec le plus grand des hasards, en tant que simple citoyenne, sans connaître ni la plaignante, ni l’accusé. J’avais été sidérée d’apprendre que cette affaire durait depuis des années sans en avoir entendu parler auparavant. Et je suis encore plus surprise aujourd’hui de voir qu’en partageant mon simple témoignage sur ce procès, celui-ci devienne l’élément déclencheur d’un « buzz » autour de l’affaire. Dans tout autre pays où la presse, les citoyens et leurs représentants suivent et participent de près à la chose publique, mon témoignage (qui de part sa nature est subjectif) se serait rapidement perdu au milieu d’une dizaine d’articles de presse. L’affaire aurait fait trembler la scène médiatique, associative et politique. Elle aurait créé une polémique au sein du parlement. Et cet homme n’aurait sûrement pas continué à exercer tranquillement ses fonctions de député et de président de commune sans s’inquiéter d’un quelconque impact de cette affaire sur sa carrière politique et sur son statut de représentant du peuple.
Par MARWA BELGHAZI
Bonjour
Peut être si je peux me permettre la prochaine fois faudrait-il aborder les sujets « les affaires » avec moi de passion…plus de calme en restant cantonnée aux seuls faits avérés quelqu’ils soient ….je n’ai pas beaucoup d’espoir sur la publication de ce commentaire puisque celui que j’ai écrit est passé à la trappe …
Bonne nuit
La passion c’est ce qui fait QANDISHA!
En effet toute personne à le droit à la présomption d’innocence surtout dans ce monde aujourd’hui. Maintenant comment peut on prétendre à cette présomption quand les évidences montrent qu’il ment sur des faits vérifiés et prouvés (l’acte sexuel et la paternité).
l’absurdité de cette affaire ce n’est pas la passion mais la bêtise.
Le problème reste le même partout dans le monde : l’accueil fait aux femmes qui prétendent avoir été violées (campus américain, bus indien, commissariat en français ou tribunal au marocain…
@ marwa belghazi
bravo d’avoir creusé aussi profondément ton sujet 😉 cette affaire valait bien qu’on s’y arrête un peu.
aux dernières nouvelles que j’en ai eues, l’Union Constitutionnelle s’en laverait les mains, j’ai lu ça sur le site du 20H, un nouveau cyberjournal en .ma. les collègues du député « violeur » à l’UC estiment semble-t-il qu’il s’agit-là d’une affaire privée et que le parti n’a pas à s’en mêler, encore moins à lever son immunité parlementaire.
du coup je me demande si la pétition n’aurait pas du être adressée à l’UC plutôt qu’à ce site de pétitions en ligne qui ferait mieux de se focaliser sur la décolonisation de la Palestine occupée…
sans doute ce sont les flagrants complices du député indigne qu’il s’agit de mettre face à leurs responsabilité au sein de ce parti dont on se demande aujourd’hui à quoi il sert d’utile à part protéger ses élus des conséquences de leurs méfaits, entre voracité économique et prédation humaine, quasiment.
au bénéfice du doute ou de la bonne foi présumée, comme on voudra, il faudrait donc faire de la « victime » de cette affaire le visage symbolique des citoyen(ne)s abusés par les politicien(ne)s à l’occasion des prochaines élections.
Hassan Arif sera-t-il la première carte à s’effondrer du château UC ?
une pétions dans ce sens-là, ça me parait nettement plus pertinent et efficace… qu’en penses-tu ?
Je partage l’avis! La pétition doit s’adresser à l’UC!
@ qandicha
comme quoi les meilleurs choses ont une fin et surtout un début 😉
On pourrait aussi bombarder leur boite postale de lettres demandant la levée de l’immunité parlementaire de Arif (le simple fait d’écrire son nom me donne envie de hurler) et sa démission immédiate.
oui c’est clair!
parfait il n’y a donc plus qu’à relayer ça sur FB 😉
@salvadorali: mon bougre, j’ai déjà répondu en te disant qu’il n’est pas possible de débattre avec des gens qui n’ont pas l’intention de débattre mais simplement de venir attaquer de façon personnelle des personnes bien précises, il n’ y a rien à débattre dans ce cas là, et la meilleure réponse reste le silence face à la mauvaise foi
Ok je suis de mauvaise foi et tout, alors taies toi et casses toi dans ce cas ! Sois à la hauteur de tes « fausses » paroles. 🙂
@ moony
ma bougresse, sonbol et moi-même nous épuisons à t’expliquer que nos interventions n’ont pas grand chose de personnel et que de toute évidence nous sommes là pour débattre et non pas pour nous battre. contrairement à certaines apparences, je te l’accorde. mais comme tu t’obstines à fixer le doigt lorsqu’on te montre la lune, on ne s’en sort pas…
oups je me suis trompé d’article pour poster mon commentaire, mais je vois que vous échangez c’est super, donc y’a pas de souci 🙂
C’est normal t’es tellement conne que tu n’arrives pas à poster ton commentaire à la bonne place ! Bouffone ! 😀
@sonbol: allah ychafik men dakchi li fik les psys y’en a plein va te soigner
@la prêtresse en chef de Qandisha (fm)
A quand le recrutement de stagiaires en modération des commentaires ? Crois-moi ça sera pour le bien de tout le monde et pour toi surtout ! 😉
Un jour tu nous remerciera, car on es bel et bien des « lecteurs » assidus et fidèles de « ton bébé » et tôt ou tard il faudra prendre en compte nos remarques et aspirations …
Bisous
Sincèrement , cette affaire fait aujourd’hui l’objet d’un tapage médiatique alors qu’elle n’en vaut pas la peine. Au Maroc , il y a des centaines de cas de viols sur des mineures et qui restent des affaires tues et ignorées . C’est sur ces affaires que nous devons plus nous pencher . Je ne viens pas ici culpabiliser cette femme , ni cet homme pour la simple raison que nous avons affaire à deux adultes majeurs , vaccinés , consentants …etc. Ils ont décidé d’entretenir une relation pour l’un extraconjugale (donc contre la loi ) pour la femme amicale voire amoureuse (c’est son choix mais également tout rapport sexuel en dehors des liens sacrés du mariage est considéré comme une violation de la loi )donc ils sont tous les deux responsables de leurs actes .
D’autre part , on ne peut venir 4 ans après un viol et accuser quelqu’un d’un viol pour la simple raison qu’aucun certificat médical expertisant les conséquences du viol (ecchymoses ,déchirures vaginale ou anale , existence du sperme du violeur et son analyse….etc) ne peut être délivré à postériori .
Donc seule la parole de la plaignante est écoutée : pas de témoins oculaires , pas de certificat médical , pas d’autres preuves…etc . On ne peut pas baser un procès et condamner une personne sans preuves et sans témoins .
Enfin , même si le test de l’ADN prouve la paternité de l’accusé , ça ne prouve nullement que l’enfant a été conçu lors d’un viol.
Je suis une femme marocaine , j’ai une fille mais j’ai aussi un regard objectif sur cette affaire.
Maintenant , le fait que ce test ADN prouve la paternité de cet homme , bien que le tribunal n’en a pas tenu compte , je suis de l’avis de toutes les personnes qui ont signé cette pétition : je refuse d’être représentée au parlement par un parlementaire irresponsable dont les revenus sont collectés des impôts que je paie moi et les contribuables. Une personne qui ne peut assumer la responsabilité de la chair de sa chair , ne peu en aucun cas défendre les intérêts du commun des mortels .
D’autre part , nous devons batailler pour que la loi change en ce qui concerne la paternité prouvé par le test ADN : toute personne ayant été accusé d’être le parent d’un enfant naturel et dont le test de l’ADN le prouve , doit absolument reconnaitre sa progéniture , la déclarer sur le livret de famille et assumer ses responsabilités de parent envers cet être innocent.
C’est mon avis personnel .